La surprenante nouvelle politique des transferts du Bayern

Hasan Salihamidžić, le directeur sportif du Bayern Munich, est aujourd’hui plus que jamais remis en question par les supporters du club bavarois. Si tout le monde sait que sa relation difficile avec Hansi Flick en est une cause principale, il ne faut pas non plus oublier que les critiques sont présentes depuis quelques années à cause d’une politique de transferts douteuse. Accumulant les prêts et déboursant peu d’argent lors des mercatos, le Bayern adopte une stratégie qui ne convainc pas tout le monde.
Le choix de faire des économies
Le monde du football subit une croissance astronomique au niveau du prix des joueurs depuis plusieurs années et il n’est plus si rare de nos jours d’évoquer des transferts à plus de 100 millions d’euros. Pourtant, les clubs de Bundesliga sont encore loin de débourser de telles sommes pour s’approprier les services d’un joueur. Aujourd’hui, le record absolu en Allemagne est le transfert de Lucas Hernández pour un total de 80 millions d’euros. Même le club champion incontesté d’Allemagne essaye de faire un maximum d’économies. Afin d’éviter de dépenser trop d’argent lors des mercatos des dernières années, le Bayern a choisi d’emprunter des joueurs et de ne pas les acheter sur le long terme. Une autre option est celle de choisir des joueurs au prix très abordable et de parier sur une possible progression.
Ainsi, James Rodríguez, Philippe Coutinho, Álvaro Odriozola, ou Ivan Perišić se sont succédé afin de dépanner pour les postes nécessaires. Pourtant, aucun d’entre eux n’a réussi à s’imposer sur le long terme et aucun n’a réussi à totalement s’imprégner de l’identité du Bayern. Ce qui est sûr, c’est que la position de Salihamidžić est fragilisée à cause des récents problèmes avec Flick. Son travail en tant que directeur sportif sera désormais évalué avec plus d’exigence. Ses prochains choix devront être les bons afin d’accompagner les arrivées de Dayot Upamecano et Julian Nagelsmann. Les dirigeants ont déjà dépensé 67,5 millions d’euros pour ce duo débarquant du RB Leipzig.
Des transferts aux conséquences différentes
Parmi les derniers joueurs recrutés, on retrouve notamment Eric Maxim Choupo-Moting, Douglas Costa, et Bouna Sarr. Arrivés lors du dernier mercato estival, ces trois joueurs ont vécu une saison totalement différente sur le plan individuel. Celui qui réalise le meilleur parcours jusqu’à maintenant est évidemment Choupo-Moting. Resté discret pendant de nombreux mois, il a récemment profité de la dernière blessure de Robert Lewandowski pour s’accorder une place en tant que titulaire pour une durée de quelques semaines. Au total, il a marqué 9 buts sous les couleurs bavaroises. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le buteur camerounais a convaincu ses dirigeants de le prolonger une année de plus afin de le garder lui, ses bonnes performances, et sa bonne humeur.
Costa, de son côté, n’a pas eu de chance et a subi une blessure vers la moitié de la saison. Il était revenu au Bayern sous la forme d’un prêt afin de permettre à Flick de faire tourner son effectif à cause d’un calendrier extrêmement chargé, mais il n’a pas pu remplir cette mission parce que son corps ne le lui a pas permis. Le Bayern a décidé de ne pas prolonger le prêt du joueur qui quittera le club en fin de saison. Quant à Sarr, il représente parfaitement le profil typique du joueur voulu et acheté par Salihamidžić mais qui n’a pas su faire ses preuves sur le terrain. Il est même question d’un possible départ dès cet été, soit moins d’un an après son arrivée à Munich. Les trois bilans sont donc bel et bien très différents.
Une solution viable ?
La question qu’il faut maintenant se poser est celle de la viabilité de cette stratégie de transferts sur le long terme. Pour une équipe habituée à occuper le milieu du tableau, cela aurait pu être une solution viable. Mais pour un club du calibre du Bayern, la question est plus délicate. Dans une période où tous les grands clubs d’Europe n’hésitent pas à sortir le chéquier pour s’arracher les meilleurs joueurs, l’ogre bavarois se doit de suivre le rythme et de s’aligner sur les nouvelles tendances afin de rester compétitif sur la scène européenne. De plus, le centre de formation munichois ayant du mal à faire éclore un nouveau Thomas Müller ou un nouveau Philipp Lahm, le Bayern se retrouve forcément obligé d’aller faire ses courses ailleurs.
Pourtant, le club continue d’être extrêmement prudent dans ses achats. Cette prudence qui est souvent comparée à de la radinerie, permet aujourd’hui au Bayern d’être parmi les rares clubs à ne pas être endettés. D’ailleurs, Karl-Heinz Rummenigge et Uli Hoeneß se vantent très souvent des finances saines de l’institution munichoise. Certains clubs historiques du football européen sont aujourd’hui dans une situation financière catastrophique et accumulent même des dettes dépassant le milliard d’euros dans certains cas. Cette prudence munichoise a donc des inconvénients, mais également des avantages. Le tout est de trouver le bon équilibre.
Ismaïl H.