Pourquoi les anglais produisent peu de grands joueurs ?
Posté par Anthony G.
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Ceux qui ont vécu au Royaume-Uni vous le diront : à chaque compétition internationale, les Anglais vous expliquent qu’ils vont la gagner. Ils vous citent les top joueurs de leur équipe (successivement Shearer, Beckham, Owen, Rooney, Lampard, Gerard et maintenant Harry Kane) en répétant leur nom comme s’ils faisaient une incantation. Et à chaque fois ils se plantent.
On a envie de leur faire méditer cette phrase de Johann Cruyff : « le niveau d’une équipe est déterminé par ses 2 ou 3 plus mauvais joueurs ». Et là force est de constater que le bât blesse pour nos amis britanniques. Là où la France peut compter à quasiment chaque poste sur 2 à 3 éléments de niveau mondial, la perfide Albion a, ces dernières années, aligné des joueurs comme Townsend, Wright-Philipps, Lennon ou Phil Jones.
Sans parler du poste de gardien de but, qui a connu une longue, très longue traversée du désert entre Peter Shilton et Jordan Pickford. Alors, pourquoi l’Angleterre, qui a inventé ce sport, dont les clubs brillent en Coupe d’Europe, n’est pas capable (avec quasiment autant de licenciés qu’en France) d’aligner 23 joueurs de haut niveau ? Tentative de réponse.
Un système opposé à celui de la France
Car oui, il semble plus sympathique de supporter un club au Royaume-Uni que l’équipe nationale britannique. Quelques explications sont à trouver dans l’histoire du football dans les 2 pays, diamétralement opposée.
Le Royaume-Uni a bien plus vite adopté le modèle du professionnalisme qu’en France. Les premiers clubs qui se sont fondés dans l’Hexagone se sont fait sous le régime de la loi 1901 (l’Association Jeunesse Auxerroise, Association Sportive de Saint-Etienne…) alors qu’au Royaume-Uni, le foot spectacle était déjà dans les mœurs.
Déjà, ce sont deux visions opposées car ce sont des sociétés et des besoins différents : il faut éduquer les jeunes en Gaule et divertir la classe ouvrière, créée outre-Manche avec ce sport au 19ème siècle. Les systèmes ont évolué selon les aspirations initiales, même si le football business les fait aujourd’hui converger. Il faut toutefois se rappeler que l’appel à des investisseurs étrangers, par exemple, a été initié beaucoup plus tôt en Angleterre.
Mais le système français reste plus pensé pour former des jeunes (avec par exemple des contrats adaptés aux progressions, protégeant les clubs formateurs), le système britannique pour faire le show. Les nombreuses stars étrangères de Premier League ne laissent pas beaucoup de place aux footballeurs locaux. Les performances de l’équipe nationale s’en ressentent, évidement.
Le manque de structure
Moins miser sur les jeunes, c’est aussi leur offrir moins de structures pour s’exprimer. Si en France, chaque club de Ligue 1 est tenu d’avoir son centre de formation, les « Academies » ont mis du temps à fleurir en Angleterre. Pionnière du genre, celle de Southampton n’a pas, pour l’instant sorti de vedettes (Shaw, Ward-Prose, Walcott). Phil Foden, titulaire pour la première fois en Coupe, est le premier « bijou » à sortir de celle de Manchester City. Il faut ajouter un point essentiel : le temps souvent pluvieux rend les terrains gras, il est donc moins avantageux de développer sa technique au Royaume-Uni.
Des petits clubs qui n’arrivent plus à suivre financièrement
C’est peut-être l’aspect le moins visible mais pas le moins important. Si les cadors de Premier League roulent sur l’or, les clubs des niveaux inférieurs sont de plus en plus en difficulté. Alors que les Français s’appuient sur des clubs formateurs locaux qui ont tous d’excellentes structures (comme Bondy avec M’Bappe), les ressources sont beaucoup moins réparties de l’autre côté de la Manche.
Un exemple, l’attaquant Jamie Vardy, international anglais, était persuadé d’être perdu pour le football, n’ayant pas intégré immédiatement les grands clubs, avant de rebondir miraculeusement à Leicester.
N’ayant plus gagné de trophées majeurs depuis la Coupe du Monde 1966, les Anglais commencent à comprendre les limites du « tout business » dans le foot. Et de s’inspirer, avec par exemple les « Academies », un peu plus du système français…
Anthony G.