Le PSG dans la tourmente

Sur la scène européenne ou en coulisses, le Paris Saint-Germain a vécu une semaine compliquée. Entre un match nul à Naples, rendant compliqué la qualification en huitièmes de finale de la Ligue des Champions, puis l’accumulation des révélations des Footballs Leaks, jamais le club de la capitale n’avait connu une telle tempête médiatique ces dernières années. Retour et récapitulatif de cette semaine mouvementée, qui restera surement dans l’histoire du PSG version qatarie.
Premier coup d’épée
C’était il y a pile une semaine. Quelques heures avant d’affronter Lille, son dauphin, le PSG faisait la Une de plusieurs médias sportifs en raison des révélations des Football Leaks. En effet, le groupe Mediapart n’a pas épargné le club parisien, qui a fait l’objet de nombreuses révélations quelques peu embarrassantes. Vendredi dernier, le média français évoqué un arrangement entre Paris et les patrons de l’UEFA, en vue de contourner le fair-play financier. Selon les informations de Mediapart, Michel Platini alors président de l’UEFA et son secrétaire général, Gianni Infantino, élu depuis président de la FIFA, se sont arrangés avec le patron de la maison rouge et bleue, Nasser Al-Khalaïfi. Des contrats de sponsoring ont été volontairement suréavalués par la direction parisienne et l’UEFA a été mis dans la confidence. Les Football Leaks mettent également en lumière la seconde mise en cause du PSG vis-à-vis du FPF et de ses enquêteurs. D’abord blanchi en juin dernier alors que l’enquête avait été classée sans suite « pour des raisons politiques », un examen plus approfondis avait été demandé par la chambre de jugement de l’ICFC, au début du mois de septembre.
Coup de mou
Quelques minutes après avoir appris une bonne nouvelle, le Paris Saint-Germain défiait le Napoli, dans un stade San Paolo en fusion. La bonne nouvelle venait de Belgrade, là où l’Etoile Rouge venait de battre les Reds de Liverpool. Une surprise, plutôt agréable, qui aurait pu permettre aux parisiens de prendre la tête du groupe en cas de succès en terres napolitaines. Malheureusement, les parisiens se sont contentés du nul. Dominateurs lors d’une première mi-temps sans grandes occasions, les rouges et bleus étaient passés devant au score, juste avant le coup de sifflet annonçant la mi-temps. Kylian Mbappé, après un joli numéro technique personnel, servait Juan Bernat dans la surface, qui n’avait plus qu’à ajuster Ospina. A cet instant, Paris était premier du groupe C. Une surprise tant il y avait peu de chances pour le PSG s’empare de cette place. Mais au retour des vestiaires, le PSG s’est effondré. D’abord sauvé à plusieurs reprises par un Buffon, copieusement sifflé par le public de Naples, les parisiens ont fini par lâcher prise. Sur une erreur technique de Thiago Silva, ratant son contrôle dans la surface et permettant à José Callejon de s’engouffrer, l’ancien portier de la Juventus faisait faute, sans contestation possible, permettant aux joueurs de Carlo Ancelotti de bénéficier d’un penalty logique. Un penalty transformé par Lorenzo Insigne, peu après l’heure de jeu. Après un quart d’heure de souffrance où Paris n’a pas su résister, les hommes de Tüchel ont repris le jeu à leur compte. A l’inverse, Naples résistera et décrochera le point du nul dans un match entaché d’erreurs d’arbitrage, défavorables aux parisiens.
Second coup
Le lendemain de son match nul à Naples, les Football Leaks sont revenus à la charge. Cette fois, il ne s’agit pas de parler du PSG et ses combines avec les patrons du foot européens, mais plutôt de l’aspect financier du club de la capitale. Dans ces révélations, on y apprend que les joueurs de la capitale sont payés pour aller saluer leurs supporters en fin de match. Il s’agit d’une prime d’éthique, dont les joueurs bénéficient avec des sommes mensuelles allant de 33 000 euros pour Thiago Silva à 375 000 euros pour Neymar. Mbappé lui, perçoit 117 000 euros par mois, Dani Alves, Edinson Cavani et Angel Di Maria 70 000. Mais ces primes ne sont pas versées uniquement lorsque les joueurs de Tüchel applaudissent. Il s’agit de nombreux critères. A titre d’exemple, celle de Marco Verratti ne lui sera pas versée ce mois-ci, en raison de son interpellation pour conduite au volant. Les révélations de Football Leaks entrent dans les détails. Neymar doit par exemple, répondre à chaque interview de la chaîne Al-Jazeera, chaîne appartenant aux dirigeants qataris. Cavani lui, verra sa prime supprimée s’il se présente en retard de plus de 15 minutes à plus de 5% des entraînements. Dans ces révélations, le groupe Mediapart s’intéresse également au transfert de Kylian Mbappé vers le Paris Saint-Germain. En effet, on y apprend les demandes du prodige français : 50 heures de vols en jet privé par an, le plus gros salaire du club en cas de Ballon d’Or. Des demandes refusées par le club parisien, qui lui offre toutefois, en plus de son salaire mensuel, une prime de 30 000€ qu’il peut utiliser pour tout ce qui est logistique (transport, logement…).
Coup fatal
Après les révélations au sujet de la relation entre le Paris Saint-Germain et l’UEFA, puis de l’aspect financier le liant avec ses joueurs, le club de la Porte d’Auteuil pensait en avoir fini avec cette tempête médiatique, mais c’était sans compter sur Mediapart qui, hier encore, le 8 novembre, annonçait d’autres affaires encore plus embarrassantes. Des délits, passibles de peines de prisons. Voilà ce dont ont été auteurs certains dirigeants parisiens d’après les informations révélées. En effet, après s’être attaqué aux salaires des joueurs et leurs différentes primes, les Football Leaks évoquaient ensuite la discrimination au sein du football et plus particulièrement au sein du club de la capitale. Après le détournement des documents internes piratés, l’émission Envoyé Speciale de France 2 évoquait, hier, un fichage ethnique d’un recruteur parisien. Les faits s’étirent sur la période 2013/2018 et auraient pris fin en mars dernier, lorsque les dirigeants parisiens s’en sont aperçus. Elles sont l’oeuvre, selon un communiqué du PSG, d’une seule personne, un recruteur de la cellule « hors Ile-de-France ». Marc Westerloppe, connu pour avoir remarqué et lancé Didier Drogba serait donc le principal auteur de cette supercherie. Les jeunes joueurs étaient fichés par informatique de par leurs origines : « Maghrébin » – « Africain » – « Asiatique » – « Antillais » ou encore « Français ». Le fichage ethnique est interdit par la loi. Ce délit est passible d’une peine de prison de cinq ans, assorti d’une amende de 300 000 euros. Contacté par Le Parisien, Marc Westerlopp, aujourd’hui au Stade Rennais, plaide la « maladresse ». Le fichage était, selon lui, un outil pour « anticiper d’éventuels problèmes administratifs, liés aux papiers d’identités qui constituent parfois des points sensibles ». Une réponse peu convainquante, « obligeant » le Paris Saint-Germain a se justifier dans un communiqué officiel. Aujourd’hui, deux jeunes joueurs issus du centre de formation du PSG (Yacine Adli et Moussa Diaby), ont clamé sur leur compte Instagram, leur amour pour leur club en le défendant et en rejetant toutes accusations de racisme dont il fait l’objet depuis hier.
K.F