Julian Nagelsmann, le petit prince de Bavière

30
août
2021

Posté par Malilon

Posté dans Allemagne / En affiche / Etranger / Flash FS

0 Comments

Depuis l’officialisation de l’arrivée de Julian Nagelsmann, il règne en Bavière le sentiment d’un vent de fraîcheur. Il n’est d’ailleurs pas le seul à acquérir de nouvelles responsabilités au Bayern Munich. Karl-Heinz Rummenigge est parti et Oliver Kahn a pris sa place. Le titan est désormais à la tête du club champion d’Allemagne. La première grande décision de Kahn a été de recruter l’un des entraîneurs les plus prometteurs en Allemagne, voire en Europe. Nagelsmann est donc le premier coach à travailler sous la direction de l’ancien gardien de but et marque donc le début d’une nouvelle ère à Munich.

Un rêve de joueur qui se brise

Julian Nagelsmann entame sa formation de jeune joueur en tant que défenseur central au FC Augsbourg avant de se diriger vers le 1860 Munich. Né en Bavière, il est donc logique qu’il tente sa chance dans des clubs de la région. Après quelques années passées sous les couleurs des Löwen, le destin le ramène de nouveau à Augsbourg où il travaillera sous les ordres d’un certain Thomas Tuchel. C’est d’ailleurs à ce moment précis que Nagelsmann commence à sérieusement s’intéresser aux différents aspects tactiques et techniques. Il les étudie alors dans l’optique d’être un joueur plus complet. Malheureusement, le destin en décide autrement. Alors âgé d’une vingtaine d’années à peine, sa carrière de joueur s’arrête brusquement à cause d’un risque d’arthrose causé par une grave blessure au genou.

Il choisit par conséquent de se consacrer pleinement à la tactique et il devient analyste à Augsbourg. Son métier consiste dans un premier temps à décrypter le jeu des adversaires et à rédiger des rapports. Il retourne ensuite au 1860 Munich afin d’y entraîner les jeunes espoirs. Suite à ces essais, Julian estime qu’il mériterait de progresser et décide donc logiquement de tenter sa chance ailleurs. C’est ainsi qu’il trouve refuge au TSG Hoffenheim en tant que coach des équipes de jeunes. Son épanouissement est total et il participe grandement à la formation de joueurs tels que Niklas Süle, Nadiem Amiri, Jonas Hofmann, David Selke, ou Sead Kolašinac. Il grimpe alors dans la hiérarchie au fil des saisons et finit par atteindre son but.

La révélation de Nagelsmann à Hoffenheim

En février 2016, Huub Stevens démissionne du poste d’entraîneur du TSG Hoffenheim et c’est Julian Nagelsmann qui lui succède directement. En Allemagne, la surprise est totale. La jeunesse du nouveau coach interroge et les observateurs du football allemand se demandent pourquoi la direction du club de Sinsheim place autant de confiance dans un coach aussi jeune et inexpérimenté. Pourtant, les espoirs des dirigeants s’avèrent justifiés puisque Nagelsmann parvient à sauver Hoffenheim d’une potentielle relégation avant de qualifier l’équipe pour les barrages de la Champions League l’année suivante. C’est la première fois que cela arrive dans l’histoire du club. Cet exploit lui permet de remporter le prix du meilleur entraîneur allemand en 2017.

Malheureusement, Nagelsmann et ses hommes chutent et ne parviennent pas à décrocher une place pour la phase de poules. Cette déception restera néanmoins une source de motivation pour Hoffenheim qui parvient à décrocher en 2018 une troisième place exceptionnelle en Bundesliga. Cette fois, la qualification est automatique. Malgré une quatrième place synonyme d’élimination en phase de poules, le club est satisfait d’avoir disputé pour la première fois de son histoire des matchs en Champions League. En championnat, les résultats sont moins réjouissants que ceux des saisons précédentes puisque les Kraichgauer ne montent pas plus haut que la neuvième place. Quelques mois plus tard, l’aventure de Julian à Hoffenheim s’arrête et on l’annonce comme étant le nouveau coach du RB Leipzig.

Dans la cour des grands à Leipzig

Lors de son arrivée au RB Leipzig, Julian Nagelsmann affiche ses objectifs et prétend vouloir rivaliser avec le Bayern Munich et le Borussia Dortmund dans la course au titre. Le successeur de Ralf Rangnick n’a pas peur d’être ambitieux et ne tarde pas à montrer qu’il n’est pas qu’une grande gueule. Pour sa première année en tant que coach des Roten Bullen, Nagelsmann parvient à décrocher une troisième place en Bundesliga et à atteindre le dernier carré de la Champions League avant d’être éliminé lors d’une demi-finale très disputée face à Thomas Tuchel, son ancien mentor. Ce parcours permet définitivement à Leipzig de se placer sur la carte du football européen. La saison suivante est celle de la confirmation pour le petit prodige du coaching puisqu’il arrive jusqu’en finale de DFB-Pokal et obtient la place de dauphin en championnat.

En touchant de si près les deux trophées nationaux sans les remporter, l’amertume est forcément au goût du jour. Pourtant, malgré l’absence de titres, le parcours de Julian à Leipzig est considéré comme étant un succès. Le club est aujourd’hui vu comme un possible prétendant à la victoire finale au même titre que le Bayern et Dortmund. C’était l’objectif pour lequel Nagelsmann a été recruté et il a été rempli. La mission est donc accomplie. Après deux ans du côté du club de Red Bull, le petit prince de Bavière décide de tenter une nouvelle expérience et de viser le gratin du football européen en signant dans le club le plus prestigieux d’Allemagne.

Nagelsmann au Bayern, une évidence ?

Julian Nagelsmann débarque au Bayern Munich en 2021 avec une indemnité de transfert de 25 millions d’euros qui fait de lui l’entraîneur le plus cher de l’histoire à seulement 34 ans. Il est important de rappeler que le jeune tacticien a toujours affirmé qu’il finirait bien par débarquer au Bayern un jour ou l’autre. Né en Bavière, il supporte le club munichois depuis son plus jeune âge. Il y retrouve d’ailleurs Serge Gnabry, Niklas Süle, Dayot Upamecano, et Marcel Sabitzer qui ont déjà évolué sous ses ordres. La pression sur les épaules de Nagelsmann est énorme puisque son prédécesseur a tout gagné avant de quitter le navire. En effet, avant de devenir le nouveau sélectionneur de la Nationalmannschaft, Hansi Flick a accompli avec le Bayern ce que personne d’autre n’avait réussi à faire avant lui. Il s’agit évidemment du sextuplé de 2020 devenu aujourd’hui légendaire.

Nagelsmann a forcément en tête d’accomplir à son tour un tel exploit durant les prochaines années, lui qui a encore un palmarès totalement vierge. Parmi les nombreuses ressemblances avec Flick, on retient essentiellement l’empathie et la compréhension d’autrui qui sont deux qualités essentielles pour se faire respecter dans un vestiaire aussi exigeant que celui du Bayern. Son premier véritable défi sera de permettre au club de remporter une dixième Bundesliga d’affilée afin d’établir un record qu’aucune autre équipe européenne n’a pu réaliser auparavant. Symboliquement, ce fameux dixième championnat en dix ans marquerait non seulement l’histoire du Bayern, mais également celle du jeune coach qui célébrerait son premier trophée de la meilleure des manières.

Le coach moderne par excellence

S’il y a bien un entraîneur qui symbolise la modernité et la polyvalence, c’est bien Julian Nagelsmann. Avant chaque match, tous ses joueurs savent exactement ce qu’il attend d’eux et ce qu’ils doivent faire sur le terrain. Nagelsmann n’hésite pas à utiliser de nouvelles technologies pendant les entraînements collectifs. Vidéos, écran géant, et tablette interactive font partie de la panoplie du jeune tacticien. Ce dernier ne souhaite rien négliger et a pour principe de perfectionner les moindres détails de ses plans de jeu. Cette rigueur est reflétée par la multitude de systèmes tactiques mis en place par cet entraîneur surprenant. Il peut jouer avec trois ou quatre défenseurs et adapter l’animation offensive en fonction du nombre de défenseurs choisis.

Adepte du jeu de possession, il préfère garder le ballon le plus longtemps possible afin de construire le jeu de son équipe et d’empêcher l’adversaire d’avancer. Mais pour que cette possession ne soit pas stérile, Nagelsmann insiste énormément sur la vitesse et la verticalité que doivent mettre en place ses joueurs. Il leur demande systématiquement d’aller de l’avant en alternant entre les ailes et l’axe. En utilisant toute la largeur du terrain, il souhaite que le positionnement de ses joueurs soit imprévisible. Cela lui permet par la même occasion de fatiguer l’adversaire qui court constamment derrière le ballon. Afin de réussir au Bayern, le jeune Julian devra mettre en application tout ce qu’il a pu faire auparavant et s’adapter dans un nouvel environnement beaucoup plus exigeant. S’il réussit, nul doute qu’il rentrera dans la catégorie supérieure des entraîneurs allemands où règnent actuellement Thomas Tuchel, Hansi Flick, et Jürgen Klopp.

Ismaïl H.