Le temps où Joachim Löw et son Allemagne remportent la Coupe du monde en 2014 semble aujourd’hui bien loin. Au moment de décrocher sa quatrième étoile au Brésil, la Nationalmannschaft écrase tout sur la scène internationale et semble intouchable. Aucune autre équipe nationale n’a une aussi bonne profondeur d’effectif et un jeu aussi attractif. Malheureusement, la situation est très loin d’être la même aujourd’hui. Le sélectionneur vit sa période la plus difficile depuis 2006, année durant laquelle il prend les commandes de l’équipe d’Allemagne. Forcément, des questions se posent et sa légitimité est même remise en question.

L’origine des problèmes

Les premiers soucis de la sélection allemande commencent en 2018 quelques semaines avant le début de la Coupe du monde en Russie. Pour ses derniers matchs de préparation avant la plus prestigieuse des compétitions, la Nationalmannschaft se retrouve totalement inoffensive et ses adversaires parviennent à lui tenir tête, voire même à décrocher un match nul. En enchaînant les prestations très douteuses, l’Allemagne entame le tournoi mondial sans être rassurée. Au bout de trois matchs, le drame tant redouté finit par arriver. Pour la première fois de son histoire, la Nationalmannschaft se fait éliminer dès le premier tour et réalise sa pire prestation depuis 1938. Un tel événement provoque forcément un raz-de-marée de critiques.

Cependant, les dirigeants du football allemand décident de maintenir leur confiance en Löw et supposent que cette Coupe du monde n’est qu’un accident. Mais même après cette erreur de parcours, la mauvaise période de la Nationalmannschaft continue. La Ligue des nations en est d’ailleurs la parfaite illustration. Sur un total de dix matchs disputés, l’Allemagne ne remporte que deux matchs. La première édition de cette compétition donne même lieu à une relégation de l’équipe allemande mais la réorganisation des quatre différentes ligues lui permet de se maintenir parmi les meilleures équipes européennes. Lors de son dernier match de cette année, l’Allemagne a perdu avec six buts d’écart, donnant lieu à la plus lourde défaite du pays depuis 1931.

Un Joachim Löw têtu

Pour des raisons qui lui sont propres, Joachim Löw a décidé tout seul de mettre fin aux carrières internationales de Jérôme Boateng, Thomas Müller, et Mats Hummels. Le principal prétexte avancé par le sélectionneur est la nécessité d’un rajeunissement de la Nationalmannschaft. Malheureusement, la nouvelle génération des internationaux allemands est loin d’avoir le niveau nécessaire pour porter une aussi lourde responsabilité et les joueurs ne parviennent pas à faire honneur à une équipe avec une histoire aussi riche. Pourtant, Löw continue de s’entêter et d’exclure les trois champions du monde. Lothar Matthäus et Bastian Schweinsteiger n’hésitent pas à souvent critiquer les choix de Löw qui a du mal à se trouver des gens pour le soutenir dans la presse et les médias.

Il peut néanmoins compter sur la fédération allemande de football, la DFB, pour prendre sa défense dès que l’occasion se présente. Oliver Bierhoff, le directeur général de l’équipe nationale, n’hésite pas à justifier tous les choix de Joachim et se retrouve forcément dans le collimateur des supporters qui militent activement pour un départ du sélectionneur dans les plus brefs délais. Cela impacte directement les audiences télévisuelles de la Nationalmannschaft qui sont en chute libre depuis plusieurs mois. Cela ne semble pas particulièrement déranger Löw qui prétend que le grand public n’est pas en mesure de comprendre ses choix et d’analyser tout son travail.

Une défense inquiétante

Le dispositif tactique soulève également de nombreuses questions. Depuis plus d’une année, le sélectionneur aligne presque systématiquement trois défenseurs centraux. C’est un choix qui interroge tous les observateurs puisqu’il est évident que le principal défaut de la Nationalmannschaft n’est autre que sa défense. Ce système n’est donc clairement pas adapté avec le profil des joueurs. Avec l’absence de Boateng et Hummels, Joachim Löw se retrouve avec un cruel vide au niveau de sa charnière centrale. En club, plusieurs d’entre eux ne sont presque plus alignés par leurs entraîneurs respectifs. C’est surtout le cas de Nico Schulz, Jonathan Tah, et Antonio Rüdiger.

Même Niklas Süle, qui fait d’habitude office de leader dans la défense allemande, ne semble pas avoir totalement récupéré de sa blessure de la saison dernière. Cela explique notamment pourquoi Hansi Flick le préserve encore du côté du Bayern Munich. Avec des défenseurs aussi fatigués et inactifs, il semble presque impossible de ne pas encaisser de buts. Il n’y a que Matthias Ginter qui donne pleine satisfaction sur le plan défensif. Quoi qu’il en soit, Löw a encore un semestre pour se remettre en question et se préparer pour l’Euro 2021. En Allemagne, on sait aujourd’hui que le sélectionneur restera en poste au moins jusqu’au championnat d’Europe. En revanche, en cas de mauvaises performances lors de cette compétition, la porte de sortie lui sera indiquée. Les six prochains mois seront donc très certainement les plus angoissants de la carrière de cet entraîneur historique.

Ismaïl H.

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