Quel impact pour l’environnement d’une finale de foot ?

Alors que la France fait des investissements importants pour découpler son économie d’une utilisation intensive des sources d’énergies fossiles, le courtier en énergie UtilityWise s’interroge sur l’empreinte carbone d’un grand match de foot à Paris.
Etant donné la taille du Stade de France, les chiffres de consommation énergétique nécessaires à un grand match montent vite.
Le plus évident est la consommation électrique nécessaire au fonctionnement du stade : l’éclairage du toit et de la pelouse requiert une puissance de 1,4 mégawatt, et les deux écrans géants de 196 m2 chacun, composés de 4,4 millions de DEL, restent allumés pendant au moins deux heures. Durant l’Euro 2012, la consommation d’électricité consacrée aux stades, zones d‘hospitalité, aires de régie TV et centres d’accréditation s’était élevée selon l’UEFA à près de 1 648 MWh. Ces besoins énergétiques ne sont cependant presque rien comparés aux besoins énergétiques requis pour transporter les spectateurs.
La plupart des 80,000 spectateurs se rendent au Stade de France en transport en commun. Si l’on compte 30 km parcourus aller-retour en RER et métro par spectateur, on arrive à une puissance électrique totale proche des besoins de l’ensemble du réseau en heure de pointe, soit 240 mégawatts (ou bien la consommation électrique annuelle d’environ 100 ménages en région parisienne !).
Il faut aussi rajouter à ce chiffre l’impact environnemental de l’acheminement des fans hors de l’Ile-de-France. Pour se donner une idée, pendant la finale Real Madrid – Juventus en début de mois, 170 000 visiteurs supplémentaires se sont rendus à Cardiff pour le week-end, alors que le stade en lui-même ne compte que 74 000 places. La plupart de ces visiteurs venaient du reste du pays, mais 400 vols supplémentaires ont été enregistrés à l’aéroport de Cardiff lors de la finale de l’UEFA, soit 800 vols aller-retour. Un Boeing 747 avec 500 passagers utilise 280 MWh pour un vol de deux heures, on parle donc de 224 GWh.
L’impact énergétique des spectateurs à domicile est plus nuancé. Le réseau anglais par exemple connait des pics de consommation liés à chaque grand match de foot : l’un des pics de demande les plus importants du réseau (2570 MWh) est lié à un match de l’équipe anglaise lors de la coupe du monde. Les analyses réalisées pour l’Euro 2016 en France montrent cependant un constat plus nuancé. La consommation électrique du pays chute nettement durant la première mi-temps d’un match (-3700 MW), car les supporters abandonnent leurs occupations habituelles. Il y a ensuite un rebond à la mi-temps (+ 500 MW) dû à l’éclairage d’autres pièces, l’utilisation des fours et micro-ondes, ou encore la prise de rafraîchissement dans les réfrigérateurs.
Dans l’ensemble, un stade n’a que peu de contrôle sur l’empreinte carbone d’un match de foot, la plupart des émissions de CO2 se faisant dans le transport des spectateurs vers le stade.
Raphael