Germán Denis : l’exultation d’un revanchard

L’essence de Germán Denis est avant tout dans son exultation, dans la manière dont il célèbre chaque but, les bras tendus et les yeux exorbités, rempli de joie, mais aussi de colère, et de détermination. En Argentine, il y a un mot qui caractérise à merveille celui qu’on appelle « le tank », c’est « garra », la capacité à se battre jusqu’à la fin, à tout donner.
Tentative en Serie C1
Cette « exultation » a eu lieu d’innombrables fois. Et pourtant, la carrière de Denis laisse un sentiment d’inachevé. Dans la carrière d’un footballeur, à 32 ans, on a plutôt tendance à regarder en arrière plutôt qu’en avant. Les regrets du « Tank » sont concentrés à Naples. Les remords sont toujours là : « Le club ne voulait plus de moi, j’ai essayé de gagner ma place », a raconté Denis à la fin du match à la fin du match opposant l’Atalanta au Napoli de Benitez. Ce sentiment d’inachèvement accompagne Denis depuis le début de la carrière. En Janvier 2002, à 20 ans, Denis, après des débuts remarqués en Argentine, rallie Cesena en Serie C1. C’est la première occasion pour lui de percer en Europe. Cependant, les choses vont mal. En Émilie-Romagne, il ne reste qu’un an et demi. Peu présent comme titulaire (8 titularisations) et auteur de trois buts, ses deux blessures au pied ne lui permettent pas de s’exprimer dans des conditions optimales. Au cours de l’été 2003, il retourne en Argentine sous forme de prêt à l’Arsenal Sarandí.
Pour Denis, c’est un saut de qualité, car il peut revenir pour se mesurer à la Primera División. Il restera deux ans sans le club sarandiense, et marquera 13 buts. L’Arsenal , après l’avoir racheté au Cesena, le vend à Colón en 2005. Il ne restera pas longtemps, car après seulement une saison (où il marquera à 11 reprises), Jorge Burruchaga, son ancien entraîneur à l’Arsenal, le recrute à l’Independiente. C’est un virage dans la carrière de l’Argentin. Il garde une bonne moyenne pour sa première saison (2006/07), avec six buts au total. Cette saison-là, il marquera le plus beau but de sa carrière, face à Quilmes. C’est au cours de sa seconde saison avec « Los Diablos Rojos » qu’il améliore son rendement. Denis se révèle être le meilleur buteur du championnat, avec 18 buts. C’est alors que le Napoli s’intéresse à lui.
Un retour en Italie
2008, la Serie C1 avec le Cesena n’est désormais plus qu’un lointain souvenir. Denis a beaucoup mûri, et il semble prêt à exploser en Europe. Reja en fait d’abord en titulaire, mais ce dernier ne tarde pas à le remplacer par Zalayeta. Son premier but en Serie A, il le marquera face au Bologna alors qu’il entre en cours de jeu. Il réitère la semaine suivante, à Luigi Ferraris contre le Genoa, malgré la défaite du Napoli 3-2. Contre la Reggina, il vivra sa plus belle soirée avec un triplé décisif.
Denis est épanoui. C’est une belle période pour German puisque le Napoli se trouve encore en tête du classement aux côtés de l’Udinese. Mais ce succès ne durera pas bien longtemps, les azzurri ne cessant de perdre à l’extérieur et ne réussissant à engranger des points ailleurs qu’au San Paolo. C’est d’ailleurs à Naples que Denis marquera encore deux matchs d’affilée, face à Lecce et Siena.
La saison suivante, le Tank est perdu. Reja lui donne de l’espace, mais l’attaquant ne marque plus. En mars, Reja a été limogé, remplacé par Donadoni. Denis, n’entre pas dans les plans du nouveau coach et joue peu. C’est le bilan de sa première année en azzurro : 41 apparitions et 10 buts, 8 en championnat et 2 en Europa League. Un bilan correct même si l’Argentin est loin d’avoir le rendement espéré, ses performances étant « pré-Independiente ». Un pas en arrière donc. Le sentiment d’incomplétude qui le suit est encore plus prévalent pour cette deuxième et dernière saison à Naples. Le titulaire en attaque est Quagliarella, tandis Denis est remplaçant, aussi bien pour Donadoni que pour Mazzarri. Le rôle du tank est de rentrer en cas de besoin. Ce n’est pas un hasard s’il a marqué trois de ses cinq buts cette saison-là en entrant en cours de jeu.
De Naples à l’Udinese
Été 2010, Denis et Naples se disent au revoir. Pourquoi cela n’a pas fonctionné ? Avant tout pour un manque de confiance évident, car ses entraîneurs ne l’ont pas considéré comme un titulaire. Le club campani a préféré recruter, avec d’abord Quagliarella puis ensuite Cavani, comme pour souligner les faiblesses en attaque. Le jeu du Napoli n’était pas le plus apte à mettre Denis en valeur. Ses caractéristiques tiennent dans son surnom : le tank ; avant-centre puissant et capable de couvrir la balle, finisseur idéal. À Naples, dans une équipe qui se base sur les contre-attaques de Lavezzi et Hamsik, il est clair qu’un attaquant comme Denis puisse rencontrer quelques difficultés. Dans ce contexte, Cavani est le joueur idéal. L’acquisition du « Matador » est la cause du transfert de Denis à l’Udinese.
Dans le Frioul, Denis passe après Sanchez et Di Natale. Il joue peu mais marque, entre Décembre 2010 et Janvier 2011, trois buts en quatre matchs (face à la Lazio, l’AC Milan et le Genoa). Le match le plus important pour « El Tanque » a lieu le 17 Avril 2011 au San Paolo. L’Udinese affronte Naples sans Sanchez et Di Natale. Denis est titulaire dans un match crucial pour son équipe, une victoire permettrait aux friulani de continuer à croire à la quatrième place, qualificative pour les barrages de la Ligue des Champions. À la 61eme minute, il entre en jeu et se montre décisif, permettant à son équipe de gagner 2-1. Cette saison 2010/11 se conclue par une qualification pour la Ligue des Champions. Denis n’a pas été protagoniste, mais il a eu sa revanche sur ceux qui ne croyaient pas en lui. Une constante tout au long de sa carrière. Il a d’abord sévi face à Colón, qu’il a « châtié » 5 fois en 4 matchs, puis l’Udinese puni 3 fois en 4 matchs depuis que le tank est à l’Atalanta. À Bergame, il a trouvé le club idéal. L’équipe joue pour lui et il est titulaire incontestable. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : 16 buts au cours de sa première saison, 15 la seconde. Il en est à 11 unités pour la saison en cours.