Furiani, 21 ans plus tard

05
mai
2013

Posté par Anthony G.

Posté dans En affiche / Flash FS / France / Ligue 1

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20h20, le 5 Mai 1992. La partie haute de la tribune provisoire du Stade Armand Césari s’effondre sur-elle-même. Au total, l’accident fera 18 morts et plus de 2300 blessés. 21 ans plus tard, et alors que de nombreuses voix s’élèvent en Corse pour qu’aucun match ne se joue en France un 5 mai, cette demande n’a été écouté que lors du 5 mai 2012, pour les 20 ans de la catastrophe, et à la suite d’une pétition lancée par les familles des victimes. 21 ans après le Drame de Furiani, nous retraçons les faits.

 

 

Une tribune provisoire.. en kit

 

1992. Cette année-là, Bastia réalise un de ses meilleurs parcours en Coupe de France et vient d’arracher sa qualification pour les demi-finales face à Nancy au terme d’une séance de pénalties. Le club corse s’apprête à recevoir l’Olympique de Marseille pour tenter de s’offrir une finale et une qualification en Coupe des Coupes. Pour l’occasion, les dirigeants du club voient grand. Dans la nuit du 24 au 25 avril, la tribune Claude Papi (750 places) est détruite, dans le but de construire une tribune provisoire, une structure métallique qui porterait la capacité du stade à 18 000 places. C’est une société niçoise, Sud-Tribunes, qui va construire une tribune de 9300 places, pour près d’un million de francs. Les travaux débutent le 28 avril et, malgré une grève des dockers qui bloque le port de Marseille, la société parvient à trouver les matériaux suffisants directement sur l’île. Le 29 avril, la ligue corse de football envoi un avis favorable à la fédération quant à la tenue du match. Le 4 mai, alors que le match doit se jouer le lendemain soir, les travaux ne sont toujours pas achevés. Une seconde commission de sécurité va prévenir la fédération que le niveau de sécurité est insuffisant. Mais le match va se jouer, alors que des travaux se poursuivent encore…le jour-même.

 

 

20h20, l’horreur

 

Le coup d’envoi du match est prévu à 20h30. Plus d’une heure avant la rencontre, les responsables de la sécurité sont prit d’inquiétude. La tribune, qui commence rapidement à se remplir, semble bouger. Des employés de Sud-Tribunes revissent des boulons, sous la tribune, sous les yeux effarés de certains supporters déjà dans les gradins. Avi Assouli, envoyé spécial de Radio France, est à l’antenne et aura cette phrase prémonitoire, « Je suis tout en haut sur les tribunes du stade de Furiani, au milieu des supporters. Je distingue à peine les joueurs. Ça bouge, on se croirait sur un bateau. Chers auditeurs, j’espère être là à la fin du match ». Il est 20h15 lorsque le speaker demande aux personnes présentes en tribune nord de ne pas taper des pieds, surtout sur les parties métalliques. Bien sur, il ne sera pas écouté. Il est précisément 20h20 lorsque Thierry Rolland et Jean-Michel Larqué prennent l’antenne sur TF1. C’est à ce moment-là que la partie supérieur de la tribune provisoire bascule et s’effondre dans un tonnerre impressionnant. La pelouse va très vite être envahie de blessés, et les équipes du SAMU tentent de prendre tout le monde en charge. Rapidement, les hôpitaux corses vont être saturés, et les blessés sont transportés vers Nice ou Marseille. Le bilan total des victimes est effrayant. 18 personnes ont perdu la vie, et plus de 2300 ont été plus ou moins gravement blessés.

 

 

De lourdes conséquences

 

La Corse peine à se remettre de la catastrophe, et l’on apprend que le match ne sera pas rejoué. C’est donc la seule année où la Coupe de France ne connaîtra pas de vainqueur. Mais le sport est passé bien au dessus de toutes les têtes, et l’Île de Beauté attend des explications. Ce n’est qu’un an plus tard que débute le procès du drame, le 23 avril 1993. Et nombreux seront les sanctionnés. L’ex-directeur technique de la société Sud-Tribunes , le vice-président du club corse Michel Lorenzi, l’ex-dirigeant de la société Socotec responsable du contrôle technique de la tribune, l’ex-secrétaire général de la Ligue de football Corse, l’ex-directeur général de la Fédération Française de Football, et bien d’autres. Mais se simples amendes (parfois dérisoires) et des peines de prisons réduites après l’appel de 1995 n’enlèveront pas à la Corse et à Bastia l’impression d’avoir été touché en son sein.

 

 

21 ans plus tard, un 5 mai

 

C’est en 2011 qu’une pétition est lancée par les familles de victimes, dans l’espoir qu’aucun match ne soit joué en France lors du 5 mai 2012, c’est à dire 20 ans jour pour jour après le drame. Les instances du football français entendirent la demande des familles, et aucune rencontre ne fut jouée en France ce jour-là. Mais, dès cette saison 2012-2013, le football reprit ses droits puisque Bastia jouait hier un match de championnat… sur la pelouse de l’Olympique de Marseille. Pour cette occasion, et malgré la défaite (2-1), les supporters bastiais étaient bien présents (voir notre photo) pour commémorer ensembles le Drame de Furiani. Nul doute qu’à juste titre, la Corse et son football se battront encore longtemps pour qu’un jour de commémoration soit décrété chaque année, le 5 Mai.

 

 

 

Kévin N.