Ben Arfa, espoir déchu

La vie d’Hatem Ben Arfa ne sera décidément jamais un long fleuve tranquille. Désireux de relancer une carrière au point mort, Hatem avait choisi la Ligue 1 et plus précisément les Aiglons de l’OGC Nice pour se refaire. Oui mais voilà, ce désir ne se réalisera finalement pas, du moins pour cette saison. La raison ? Un simple match avec les U21 de Newcastle… En effet la FIFA interdit formellement à un joueur de porter la tunique de trois équipes différentes dans la saison, l’intéressé ayant déjà porté le maillot d’Hull City les six premiers mois. Moche…
A 27 ans, beaucoup d’observateurs se demandent encore si le natif de Clamart en région parisienne confirmera un jour le potentiel qu’on lui connait. Passé par toutes les équipes de France en commençant par les -16, comment l’espoir français, lancé dans le grand bain professionnel par Paul le Guen avec l’Olympique Lyonnais à tout juste 17 ans, a t’il pu se retrouver dans une galère pareille ? Petit récit de la carrière d’un joueur qui se dirige à grand pas vers l’anonymat…
Le divorce avec l’OL
Après trois années d’apprentissage auprès d’un groupe lyonnais au sommet et ayant notamment côtoyé des joueurs comme Wiltord, Juninho, Abidal, Malouda, Essien et j’en passe, le petit Hatem prend de plus en plus d’importance au sein de l’effectif au fil des années. Elu « Meilleur joueur espoir » de la saison 2007-2008 lors de la remise des Trophées UNFP, Hatem connait pourtant des relations difficiles en interne avec son coach de l’époque Alain Perrin ainsi que le président Jean Michel Aulas. Des tensions qui pousseront le néo international à prendre la poudre d’escampette à la première offre venue, l’Olympique de Marseille de Pape Diouf et Eric Gerets ayant fait le forcing pour profiter de la situation. Un départ pas forcément compris du côté du Rhône, sachant qu’il était déjà considéré avec Benzema comme le futur de l’équipe pour de longues années à venir. Bref, un choix de carrière à 21 ans qui fût déjà matière à discussion…
Le divorce avec l’OM…
Hatem arrive donc à l’Olympique de Marseille avec un objectif, confirmer son potentiel et donc passer « d’espoir » à joueur confirmé malgré son jeune âge. Positionné en numéro 10 par son entraîneur Eric Gerets, il enchaîne les bons matchs et les buts jusqu’à une première baisse de régime en fin d’année 2008. Toujours confronté à des problèmes de comportement avec certains de ses coéquipiers voir même son entraîneur lors du Classico, perdu 4-2 et dans lequel il n’a tout simplement pas voulu entrer en jeu du fait de son statut de remplaçants en début de match, Hatem retombe petit à petit dans ses travers. Il finira finalement la saison en alternant titulaire/remplaçant sous l’ère du coach belge. L’arrivée de Didier Deschamps l’été suivant ne changera pas non plus la donne, l’ex Lyonnais étant même autorisé à chercher un nouvel employeur dès le mercato hivernal. Une porte de sortie qu’il ne prendra pas en ayant toutefois bien fait puisqu’il glanera, quelque mois plus tard, le titre de champion de France ainsi que la coupe de la Ligue avec l’OM. Néanmoins toujours pas de changement dans son jeu, des coups d’éclat, par ci par là, mais pas de quoi fouetter un chat. La progression n’est toujours pas visible, la confiance placé en lui s’estompe.
La conclusion de son passage sur la Canebière elle ressemblera à celle dans le Rhône, un divorce entre un club qui hésite à le garder et un joueur désireux de partir à tout prix pour devenir enfin un vrai joueur important au sein d’un grand club. Quoi de mieux dans ce cas pour quelqu’un, qu’on dit sur le territoire de « turbulent », de s’exiler à l’étranger et apprendre une autre culture du football. C’est la décision qu’il prendra en allant à Newcastle où Chris Hughton, l’entraîneur de l’époque des Magpies, lui promet monts et merveilles…
Et pour finir le divorce avec la Premier League…
Qui dit nouveau pays dit généralement barrière de la langue. Un élément qu’on semblait croire bénéfique à Hatem pour rentrer dans le moule des joueurs faciles à diriger. L’histoire avait pourtant bien commencé puisque, comme avec l’OM, il marque son premier but dès son premier match sous ses nouvelles couleurs en championnat. C’était trop beau. Quatre matchs plus tard, Hatem se fait une double fracture tibia-péroné de la jambe gauche suite à un tacle de Nigel de Jong. Résultat six mois d’indisponibilité et une saison quasi terminé, voyant également son entraîneur se faire limoger en pleine saison. Quand ça veut pas, ça veut pas.
Remis totalement de ses blessures, la saison suivante se déroule donc sous les ordres d’Alan Pardew. Alternant le bon, le moins bon, le passable et l’excellent lorsqu’il marque par exemple ce but d’anthologie contre Blackburn en Cup après un raid solitaire. Des performances quand même en dent de scie qui amèneront quelques mois plus tard une nouvelle querelle avec son entraîneur et encore un départ. Décidément…
Le but d’Hatem Ben Arfa contre Blackburn
Direction Hull City pendant le mercato estival de 2014, 8 petits matchs disputés, une nouvelle brouille avec Steve Bruce cette fois et retour à la case départ en Décembre. Une histoire sans fin, un éternel recommencement, les années passent mais rien ne change…
Libéré de son contrat par Newcastle, Hatem est aujourd’hui sans club et dans l’incapacité de rejouer cette saison, du moins en Europe, comme expliqué dans le début de l’article. Beaucoup voyaient en lui à ses débuts un petit génie du ballon rond, force est de constater que le bilan jusqu’ici est plutôt morose. Une carrière passe vite et à 27 ans dans son cas il y a forcément urgences. Aux dernières nouvelles un club chinois, dont le nom n’a pas filtré, serait prêt à lui formuler un contrat à courte durée jusqu’à cet été. Alléluia ? Non quand même pas à ce point…
Anthony G.