Ce n’est plus une surprise, et encore moins un tabou, le football féminin est en pleine progression dans l’Hexagone. Les succès sportifs et médiatiques des Bleues, de l’Olympique Lyonnais et du Paris Saint-Germain, entre autres, contribuent à exposer ce monde encore pratiqué par une majorité d’hommes. Pourtant, les filles s’y mettent de plus en plus rêvant de succéder aux Laura Georges, Louisa Necib ou encore Gaëtane Thiney, leurs ainées. La fusion ou la création de sections féminines dans les clubs professionnels – l’Olympique de Marseille a par exemple refondé la sienne en 2011 – le prouve. Localement aussi, loin du monde professionnel, des structures donnent davantage d’importance à leur gent féminine. C’est le cas du village d’Aulnay-de-Saintonge, non loin de La Rochelle en Charente-Maritime, qui a crée sa section l’été dernier. Olivier Daniaud, son initiateur, nous raconte l’aventure qu’il vit avec l’équipe qu’il entraine depuis juillet 2013.

• Avant d’être le créateur de cette section féminine, tu es avant-tout un grand fan de football féminin. D’où t’es venu cette passion ?

Je dirais que cet un ensemble de petites choses qui ont fait que je m’y suis intéressé. Tout d’abord, j’aime le football ! Je joue à Football Manager depuis de nombreuses années et l’idée de jouer avec une équipe féminine m’est venue. J’ai donc, via l’éditeur du jeu, crée un update féminin en 2011 comprenant plusieurs championnats. Je jouais donc virtuellement avec une équipe féminine en tant que manager. J’ai aussi suivi la coupe du monde féminine en 2011. Et puis , je retrouve dans le football féminin des valeurs, telles que l’engagement, le respect, la « non-tricherie » etc. Je pense qu’on peut dire que tous ces petits événements m’ont poussé vers cette passion.

• Qu’est-ce qui t’a poussé à vouloir franchir le pas et créer une section féminine dans ton village ?

J’ai donc crée cette section à l’été 2013. Là aussi, un cumul d’événements m’ont fait changer de cap radical ! Je pratiquais l’athlétisme depuis 10 ans mais des blessures récurrentes me gâchaient mes dernières saisons. C’est sur une dernière épreuve où les performances n’étaient vraiment pas bonnes que je me suis décidé à prendre du recul. Entre temps sur les forums de Football Manager, j’avais discuté avec d’autres membres évoquant cette idée d’entrainer, et que personnellement je serais tenter par une équipe féminine. Tout naturellement j’ai sauté le pas en juillet 2013.

• Les démarches pour faire accepter le projet ont-elles été périlleuses ? Comment a été accueilli l’idée ?

Au départ, je me suis tourner vers le club de mon village. Je suis allé voir le président qui m’a donné son accord ! S’il y avait eu refus, je serais aller voir dans les clubs alentours. Heureusement, ce ne fut pas le cas car j’habite à coté du stade et les infrastructures sont plutôt bonnes (un terrain d’honneur, deux terrains annexes, un synthétique de taille Hand-ball et beaucoup de matériels). Le club compte environ 200 licenciés.

• Aulnay est un petit village d’environ 1400 habitants. Comment s’est effectué le recrutement des joueuses ?

Tout simplement par les réseaux sociaux ! J’ai demandé à tous mes contacts féminins, fait de la publicité par ces réseaux ainsi que dans les commerces et le stade. J’ai été surpris par certaines filles auxquelles je ne pensais pas et d’autres dont je croyais qu’elles accepteraient. Ce n’est pas chose aisée car c’est la campagne, nous n’avons rien de plus gros à 20 kilomètres autour d’Aulnay. Ceci dit , il y a très peu de clubs dans notre secteur aussi !

• L’équipe est logiquement composée de jeunes et inexpérimentées joueuses. Comment as-tu abordé les premiers entraînements et les premières oppositions ?

Dans l’effectif (16 à 24 ans), on trouve différents niveaux : celles qui ont fait l’école de foot avec les garçons pendant plusieurs années, celles qui ont joué un an et les débutantes qui n’ont quasi jamais touché un ballon de football. Au niveau des entraînements, je me suis basé sur des exercices simples trouvés sur Internet de type école de foot. Au niveau de la première opposition amicale, je pensais qu’elles allaient tirer leurs épingles du jeu lorsque j’ai vu l’équipe adverse, mais celle-ci avait plus d’expérience et logiquement, nous nous sommes inclinés 11-4 !

• Toi et tes filles êtes aujourd’hui inscrits dans le championnat de district des deux Charentes qui se joue à 8. Quel est l’objectif de cette première année ?

L’objectif de cette première année est de faire les 6 matchs de championnat (nous sommes inscrit pour la seconde phase), donc de ne pas déclarer forfait. Ensuite si on peut accrocher une équipe, on ne se gênera pas ! Nous avons aussi fait un tour de Coupe des 2 Charentes en aller/retour. Bien sûr si nous pouvons marquer des buts ce sera également positif. Nous sommes avant-tout dans l’apprentissage.

• Sur du plus long terme, comment envisages-tu la suite ? Recruter davantage de joueuses, de personnel encadrant et donc d’étendre le nombre d’équipes ?

A la fin de la saison, nous envisageons de faire une journée découverte (de 7 à 77 ans !). Puis, selon l’impact, d’ouvrir une section jeune (10/17 ans). Bien sûr , si nous pouvons recruter de nouvelles joueuses, nous le ferons sachant que certaines pourraient quitter le club. Quelques contacts ont déjà été pris. A beaucoup plus long terme, j’aimerais emmener cette équipe en championnat régional (DHR).

• Certaines de tes filles ont peut-être l’ambition de devenir footballeuses professionnelles. C’est un rêve que tu retrouves dans les vestiaires ?

Au vu de l’effectif, je pense qu’aucune n’a ce rêve ! Je dirais que c’est plus l’envie de découvrir ce sport pour certaines et de continuer à jouer pour d’autres. Mais aucune ne m’a dévoilé cette orientation !

• Pour finir, qu’aurais-tu à dire à des passionnés comme toi qui voudraient, eux aussi, faire avancer le football féminin en fondant une section dans leur club ?

Je leur dirais de ne jamais lâcher. Les filles ont leur caractère mais sur le terrain elles ne trichent pas ! Quand elles jouent, elles jouent ! Et elles ne font pas semblant, même au niveau le plus bas ! Ensuite, intégrer un club masculin est certainement plus facile, du fait des installations, et donc, il n’y a que l’équipe à gérer. Mais rien n’est gagné d’avance, le plus difficile est d’avoir un effectif suffisant pour débuter. J’ai mis 4 mois avant de jouer un tour de Coupe et 6 mois avant d’engager l’équipe dans la seconde phase du championnat. Mais cela dépend de nombreux facteurs comme la situation géographique, la population, l’intérêt du football féminin etc.

Je tiens à remercier l’équipe de FootballSupps pour cette interview.

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Propos recueillis par Anthony M.